Photo Julien-S. Buchem
Puis finalement non, je vais donner un peu plus de ma personne.
Pour ceux qui suivent:
-j'ai repris des études. Pour être prof. Prof d'histoire. OUI, je sais.
-j'ai acheté une maison et je vis déjà dedans.
-j'ai toujours pas passé mon permis.
-par contre on a prit des belles photos de moi, quand je dis "on" je parle de lui.
(d'où l'entête qui change ici...)
-je redessine, vraiment. Mais uniquement pour des gens importants (mes kidz).
Je vis des moments très chouettes, d'autres beaucoup moins, comme tout le monde. Et pour me faire pardonner de tout ce temps sans poster je vous offre un travail scolaire (oh l'autre hé, merci bien!). "On" m'a dit y a pas 10h que mon côté "artiste" dans mon futur boulot, il allait falloir le mettre en sourdine. Alors revenir écrire ici sera cathartique je pense. (ah bin oui ok on comprend mieux le retour là tout de suite...)
Ma dissertation donc:
Texte argumentatif : « l'artiste
doit-il plaire ? »
"Rue en-Neuvice numéro cinquante six,
appartement quatre. J'ai vingt-deux ans,
mon diplôme de peinture en poche et mes rêves en bandoulière.
Contre le mur, sèche lentement une série de toiles, la texture de
l'huile à peine sortie du tube reflète les lumières de la ville
par la fenêtre. J'ai froid. Je rallume un vieux mégot. Ce moment,
figé dans le temps, me saute au cœur lorsque je tiens à mettre le
doigt sur le moment exact où a débuté ce que j’appelle « ma série
de choix », ou pour être plus honnête : « mon
combat ordinaire ». C'est précisément le passage à
travers cette petite guerre intérieure qui sert de filtre et permet
de reconnaître les artistes. Bien heureusement, si le maître d'art
était bon, il a donné les armes.
Il existe une multitude de raisons qui
poussent un artiste à vouloir plaire, mais la contrainte espace et
temps dont je dispose pour cette dissertation ne me permettra d'en
développer que deux : le statut et l'argent.
Début des hostilités, sortie du
cursus option « peinture monumentale », le premier choix
se pose.
Dans mon cas, les commandes de toiles
sont apparues comme une de mes plus belles joies et la plus grande
des désillusions. Imaginez, quelqu'un vous a choisi, vous, pour
votre créativité et vous aller toucher milles euros ! Ils sont
déjà dépensés mais qu'importe? On se décide alors sur le sujet,
les délais et enfin sur le prix final. (Oui parce que milles euros,
milles euros...Cela dépend si on compte déclarer la toile ou non.
Je n'ai ni le temps ni l'espace ici vous ai-je dis).
Ensuite, les premiers coups
mails arrivent :
- « Ce rouge, là, ne pourrait-il
pas être plus sépia ? Mon mur est ocre voyez-vous et... »
- « Ce symbole est-il vraiment
nécessaire ? De par ma profession, je reçois souvent et... »
- « Serait-il possible d'étaler
la somme en trois mensualités ? »
Combat ordinaire, deuxième round,
perte d'un soldat de première ligne. Le sergent Illusion manque à
l'appel. Rien n'est perdu, l'artiste, grâce au maître d'art, à
plus d'un tour dans son sac. Je vais peindre, toutes mes nuits, et
exposer, tous les mois. Je finirai bien par plaire à force de
travail.
Mais la venue du mécène est à l'art,
ce que le messie est à la religion, beaucoup en parlent, très peu
l'ont vu. Et à ce rythme, il va falloir tenir la longueur, compter
les clopes et manger du riz...Avec mon riz. (Et non, je ne vous
parlerai pas du combat parallèle avec le statut d'artiste.
Contrainte, espace-temps...)
Combat ordinaire, troisième round,
perte de nombreux hommes, attaque sur le flanc droit. Rue en-Neuvice
numéro cinquante six, appartement quatre. Trois loyers de retard.
J'ai 24 ans. Contre le mur, des toiles sèchent plus vite, elles sont
à l'acrylique, c'est moins cher. La toute dernière personne à qui
l'artiste cherche à plaire est là, il s'est installé avec toutes
ses affaires et son sourire, l'air de rien.
Est-ce un artiste ? Si oui, il
faudra lui plaire artistiquement (contrainte, espace-temps...).
Ce n'est pas un artiste. Le combat
ordinaire se transformera progressivement en duel, jusqu'à la
création en duo d'un projet ou d'un petit être à protéger.
Le plus triste dans toute cette
histoire est que, depuis de nombreuses années, je tiens à prendre
le temps d'écrire tout cela, en y mettant toute l'émotion qui me
fait pleurer devant un Basquiat.
Seulement, pour vous plaire
rédiger cette rédaction, j'ai deux contraintes : l'espace de
la page unique et le temps un peu court pour développer plus avant
mes arguments.
Alors, à mon tour de vous laisser le
choix. J'ai rédigé une page supplémentaire durant ma semaine de congés. Voulez-vous la lire ?"
Voilà a pluz donc avec des vrais morceaux de complaintes, confessions et autres lol cats si vous êtes sages.
Big up
Castor.