lundi 16 janvier 2012

Eat, pray, love

 Eat, pray, love 2010

Chaque fois que je regarde un film qui se passe en Inde, je pleure.  Chaque fois que je rencontre une indienne ou un indien, je souris. Chaque fois que j'entends quelqu'un qui est allé en Inde, je soupire. Et ces 6 dernières années, chaque fois que j'ai fais un rêve vraiment agréable, le genre où l'on pousse sur ses paupières au réveil pour se persuader qu'on peut encore dormir un peu et continuer à rêver, il se passait en Inde. 
J'ai longtemps pensé que c'était un genre de mal du pays inversé. Comme si l'endroit me manquait terriblement. Puis j'ai regardé ce film "eat, pray, love" et j'ai compris. Ce n'est pas tant le pays qui me manque, c'est l'époque. Je suis partie à 21 ans, après une longue relation amoureuse de 5 ans et une douloureuse relation de quelques mois. L'Inde et les aventures que j'ai vécu là haut représentent la dernière part irréfléchie de moi-même.
Le moment où j'ai trouvé mon équilibre et où je me suis rencontré adulte. Je me suis battue avec moi même là-haut, j'ai appris des choses que je pensais déjà savoir et surtout j'ai bousculé mes certitudes. Ce voyage représente la dernière émotions exacerbée qui a clôturé mon adolescence. La plus belle aventure qui puisse arriver à quelqu'un dans la vie. J'ai juste fais les choses, pris les routes sans vraiment réfléchir et planifier intellectuellement. Le pays en lui même est dur, les émotions sont plus intenses, la lumière plus forte, la chaleur moite et étouffante. Mais surtout, c'était l'endroit idéal pour grandir! Je souhaite vraiment à mes fils de prendre l'option voyage quand l'envie se fera sentir, j'espère qu'ils grandiront avec de telles images sous les yeux et de telles lumières dans le cœur.
Je me demande si je me serai souvenu de ce passage de l'âge ingrat à l'âge adulte aussi fort si je n'étais pas partie aussi loin et dans de telles conditions. Me dirais-je en passant devant un immeuble de Liège - "ah tiens, c'est ici que je suis devenue adulte!" ?
Souvent, quand je rêve de l'Inde, j'y retourne grâce à une surprise; un ticket offert par des amis, un voyage de noce, un nouveau job... Et à chaque fois j'ai une frustration énorme; l'avion ne décolle pas, mon passeport est trop vieux, je ne sais pas où aller et j'ai très peu de temps (choisir c'est renoncer), l'endroit ne ressemble plus à ce qu'il était alors (c'est souvent cette version). En étudiant cela de près je me dis que c'est effectivement plus l'époque que l'endroit qui me fais avoir les larmes aux yeux. Je suis sûre que je serai heureuse d'y retourner un jour (et j'irai!) mais je suis certaine d'être déçue, parce que ce ne sera pas la même Anne là-bas, mon regard ne sera pas le même, ne sera pas attentif aux mêmes signes. 
 (note de l'auteur après relecture, quand je parle de l'Inde au passé je dis "là-haut" et quand j'en parle au futur je dis "là-bas",...y a peut-être que moi qui remarque ce genre de mots révélateurs aussi)

C'est la partie que j'ai préféré dans le film "eat, pray, love" c'est lorsqu'elle termine en parlant de "la physique de la quête", que lorsqu'on a sacrifié son confort, bousculé ses certitudes et accepté ses failles et ses blessures tous les moments les plus anodins, toutes les expériences et les rencontres se transforment en indices. Une route se dessine et on sent au plus profond de soi si on est sur le bon chemin. Des signes apparaissent soudains et forment une carte. Je me souviens avoir ressenti cela avant, durant et après ce voyage. Ce qui me mets la larme à l'oeil c'est surement le fait que si j'avais su que je passais un des caps les plus importants de ma vie, je me serai probablement arrêté pour observer un peu plus. Mais c'est ce qui fait la magie justement. C'est ce qui fait que c'était si fort, intense et inexplicable. 

J'y ai mangé (+10 kilos en un an et j'ai définitivement oublié depuis l'idée même d'avoir un poids qui commence avec un 4), j'y ai prié et vraiment fort et de beaucoup de manières différentes et j'y ai aimé, beaucoup, le pays, les gens, les rencontres sur le chemin, les images plein les yeux. 



Jodhpur la ville bleue, face au fort de Mehrangarh, Anne, Novembre 2004


"...Une force régie par des lois
aussi réelles que la pesanteur.
La physique de la quête  suit à peu près ce principe : 
si vous avez le courage d'abandonner  repères et confort, 
ce qui peut aller d'un foyer
à de vieux ressentiments, 
pour partir à la recherche de la vérité, 
à l'extérieur ou en vous-même,
si vous considérez sincèrement  ce qui vous arrive pendant ce voyage comme un indice,
si vous acceptez  que toute rencontre est une leçon...
et si vous êtes prêt, avant tout, 
à reconnaître et pardonner de pénibles réalités sur vous-même,  
alors la vérité vous sera révélée."



BIG UP and Namasté

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